Au début des années 90, Nicolas Granger était membre de l’équipe de France de natation, un espoir prometteur lorsqu’il est rattrapé par la maladie : un cancer qui l’attaquera à deux reprises en douze ans. Aujourd’hui, Nicolas est le meilleur nageur maître français de tous les temps. Fort de cette expérience unique de vie, il a souhaité partager les enseignements de son parcours dans un livre : La traversée du cancer à la nage. Une ode poignante et profondément humaine, pleine d’optimisme et d’allant.
Nicolas, qu'est-ce qui a déclenché ce besoin de partager ton vécu ?
Je ne me suis pas mis à écrire pour des motifs thérapeutiques, même si je me rends bien compte que ça m’a fait énormément de bien de mettre des mots sur mon histoire. A la base, j’ai voulu écrire pour ma compagne, mes enfants, mes proches. Ils ne savaient pas précisément ce par quoi j’étais passé, comment j’avais vécu mes traversées du cancer. Et puis cette envie est aussi venue des autres nageurs qui m’ont poussé à écrire. Par la suite, le premier éditeur auquel j’ai écrit m’a retenu. J’avais un éditeur avant d’avoir fini mon livre, un luxe rare pour un premier livre. J’ai écrit le livre très rapidement, en environ quatre mois. Et surtout, je l’ai écrit seul. C’était un immense challenge !
Pourquoi avoir choisi d’écrire maintenant ?
Je n’ai pas choisi, c’est venu tout seul, comme une évidence. En fait, j’ai pu commencer à écrire quand je n’ai plus senti de colère en moi. Je ne voulais pas écrire une longue complainte. Et sportivement, ça correspondait aussi à une période plus faste ; c’était donc parfait pour la fin de l’ouvrage, que je voulais optimiste. L’alternance des passages maladie/sport m’a permis d’avancer presque en continu. Les jours de fatigue, je ne pouvais pas écrire sur la maladie.
Qu'espères-tu apporter au lecteur ?
Déjà, j’espère le convaincre que le simple fait d’être en vie est une chance ! Et que même dans l’adversité, on doit continuer à faire des projets. J’espère aussi pouvoir aider les proches de malades, leur donner les clés pour qu’ils comprennent mieux ce qui se passe. Pour pouvoir mieux les accompagner.
Que retires-tu de ton expérience ?
L’écriture m’a permis de passer outre une pudeur bien naturelle qui rend les mots difficiles. Et puis cela me permet aujourd’hui de multiplier les rencontres. La maladie a aussi fait de moi quelqu’un d’hyper optimiste. Je veux croire que le plus beau jour de ma vie, c’est demain. En parallèle, j’ai pris conscience de la fragilité de la vie. Ça me rend plus fort et je profite intensément de chaque seconde.
Que te reste-t-il de ta maladie ?
Un traitement à vie ! La maladie m’a également appris que je n’étais pas superman, que la vie est fragile. Et qu’il faut donc en profiter à fond ! Et enfin, la conscience de la futilité de certaines choses, comme la natation. Si je ne nage pas demain, le monde continuera de tourner.
Recueilli par Éric Huynh
Ma traversée du Cancer à la nage, Nicolas Granger, Editions 7 écrit